L'ARRIVÉE DES LOYALISTES

Concession des terres

Avant de faire intervenir les loyalistes, il serait bon de faire la distinction entre les différents modes de division des terres ainsi que la façon d'obtenir des concessions. Dans la Nouvelle-France, le mode de division des terres était celui en vigueur sous le régime français, soit la seigneurie. L'Acte Constitutionnel de 1791 partageait le territoire en deux Canadas. Un article de cette constitution déterminait maintenant comment devaient être divisées les nouvelles terres concédées. Article XLII :

« Toute les terres à concéder dans la province du Haut-Canada le seront désormais en franc et commun socage de la même manière que les terres sont maintenant tenues en franc et commun socage dans cette partie de la Grande-Bretagne nommée Angleterre. Dans tous les cas où les terres seront dorénavant concédées dans ladite province du Bas-Canada et où le concessionnaire en désirera la concession en franc et commun socage, elles seront concédées suivant cette tenure...» [1]

La tenure des terres se faisait dorénavant sous la forme du franc et commun socage comme en Angleterre. Cependant, le mode de division des terres demeurait facultatif dans le Bas-Canada. Dans le système de cantons, les terres étaient divisées ainsi : 1/7 appartenaient à la Couronne britannique, 1/7 allaient au clergé protestant, et le 5/7 était destiné aux colons venus dans l'espoir de se voir octroyés des terres. Voyons maintenant comment s'est fait le peuplement des Cantons de l'Est par les loyalistes.

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L'arrivée des loyalistes

La guerre d'Indépendance Américaine a amené beaucoup de colons anglais, venus des 13 colonies du sud, désirant demeurer fidèles à la Couronne britannique. Comme les habitants de la Province of Québec étaient des sujets britanniques, ils sont venus s'installer au sud de la Province pour demeurer des citoyens anglais. Ces nouveaux arrivants désiraient obtenir les terres au sud des seigneuries du St-Laurent. Mais, comme le gouverneur gardait ce territoire comme zone tampon entre les seigneuries et les treize colonies du sud, ils durent s'établir dans la Baie Missisquoi. Ces nouveaux arrivants désiraient des lois civiles anglaises ainsi que des écoles et des églises protestantes. Le gouvernement britannique n'a pas eu d'autre choix que de diviser le Canada en deux et de donner aux loyalistes ce qu'ils voulaient pour obtenir leur fidélité. L'acte Constitutionnel de 1791 établissait le nouveau régime de partage des terres. Comme les treize colonies continuaient de se révolter, le gouverneur Clarke, en 1792, ouvrait les terres des Cantons de l'Est. Ce territoire fut concédé en tenure de franc et commun socage. Ceux qui désiraient obtenir ces terres devaient former des compagnies et faire une pétition pour obtenir des terres. Gilbert Hyatt réunit 204 associés de la Baie Missisquoi et du Vermont pour pétitionner des terres dans le Township d'Ascot. Les nouveaux pionniers avaient droit à 100 acres de terre ainsi que de 50 acres par personne habitant la ferme, jusqu'à un maximum de 200 acres. Le colon, pour garder ces 50 acres additionnelles, devait soit y construire une maison, fournir des heures de travail ou y garder des bêtes pendant plusieurs années, dans le but d'obtenir ses lettres patentes. On surnommaient squatters les colons établis sur des terres sans détenir des lettres patentes. Comme l'arpentage des terres était long, certains colons s'installaient sur des lots en attendant les titres de propriété. D'autres aussi se sont établis, car ils n'avaient pas les moyens de payer immédiatement les frais de possession des terres. Gilbert Hyatt fut l'un des premiers colons à obtenir les droits de possession des terres dans le canton d'Ascot. Le premier recensement fait par Hyatt fut en 1801. On y retrouvait le nom des premières familles à habiter le canton soit Jean-Baptiste Nolin, la famille Terril et la famille Moe. Dans le canton d'Orford, Jonathan Ball avait déjà pris la région d'assaut. Il avait remarqué le potentiel du canton et avait bâti un barrage. Les premiers établissements des Cantons de l'Est furent un moulin à farine dans le canton de Compton et de Hatley, un moulin à farine en 1802 dans le canton d'Ascot et une scierie en 1802 dans le canton d'Orford. Après la construction de ces établissements, les Cantons de l'Est ont connu un développement important, notamment lors de la troisième vague d'immigration soit celle des Britanniques.  

 


[1] JEAN-MARC M. DUBOIS, Les Cantons de l'Est, p. 76
[2] KESTEMAN, Jean-Pierre; SOUTHAM, Peter et SAINT-PIERRE, Diane. Histoire des Cantons de l’Est, p.10

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Le peuplement des Cantons de l'Est